\"C'est la radio qui m'a appris l'arrestation de rohypnoise\".

By JM Charcot, Février 2005.

Nous nous étions rencontrés chez planetaldol, lors d'un repas copieux, c'était un homme d'excellente compagnie, mais souffrant d'une maladie rare autant qu'étonnante, il lui était impossible de réfréner sa consommation de viande.

Cette incapacité à contrôler son attirance pour toute matière carnée avait fini par le mettre au ban de la société, et au terme d'un parcours erratique, il avait fui la capitale et tenté un sevrage à l'asile psychiatrique de Rodez, cet hôpital même où Antonin Artaud avait séjourné durant de nombreuses années.
L'hôpital avait d'ailleurs cru voir dans les délires de rohypnoise quelque similitude avec les symptômes d'Antonin Artaud, et avait par voie de conséquence décidé de remettre au goût du jour le traitement par electro-chocs, l'emploi de l'électricité fut aussi motivé par le fait que les traitements chimiques semblaient n'avoir aucun effet calmant sur cet hypercarnivore.
Ainsi donc, il semblait retrouver le calme, mais la dureté du traitement le plongeait dans une hébétude quasi perpétuelle.

Contre toute attente (certains médecins le croyaient guéris), Rohypnoise s'est enfui un soir de pleine lune, après avoir mangé les lèvres d'une gardienne venue le harceler dans sa cellule.
Elle se prenait pour une louve, un loup-garou et faisait régner la terreur dans les dortoirs de l'hôpital.
On l'a retrouvée au matin, décharnée, nettement moins pulpeuse que la veille, survivante évanouie.

L'effet encore sensible des électro-chocs a permis à Rohypnoise de retourner jusqu'à Paris sans éveiller les soupçons, il ressemblait à un citoyen de la France d'en bas, docile, invisible, inexistant.
Mais une fois à la capitale, son attraction pour la viande est revenue, plus forte que jamais, et non loin des halles de Rungis il a volé une camionnette frigorifique pleine destinée à l'approvisionnement des boucheries environnantes. Fort de ce butin il est parti chez son ami Planetaldol.

Il décrira lui-même ce séjour comme l'un des moments les plus heureux de sa vie. libre de toute contrainte sociale, enfermé dans un appartement sombre, les deux amis ont regardé en boucle des vieux films de série Z, et du soir au matin (ils dormaient la journée), Rohypnoise a pu manger toute la viande dont il rêvait.
Ils ont aussi fait de la musique, accumulé des bandes entre deux visionnages.

Des quatre ou cinq bêtes pendues dans le camion frigorifique il n'est bientôt plus resté qu'un arrière-train, et par peur du manque Rohypnoise est parti un matin en direction des halles, il pensait renouveler son larcin.

Il est alors tombé dans un piège, la police scientifique avait estimé le temps qu'il pourrait tenir avec la viande dérobée, et depuis quelques temps elle avait fait placer des agents en civil, déguisés en équarisseurs et en transporteurs de viande.

Il subsiste de cette aventure 5 morceaux, enfin disponibles aprés de long mois de censure, les bandes ayant etait saisies à l'époque par les autorités....